Erik SATIE, biographie courte - HONFLEUR


Erik Satie biographie courte

Personnage multiple, fantasque, mystique et déroutant, Erik Satie n'en finit pas d'intéresser l'historien et le mélomane. Compositeur atypique, pianiste de cabaret, signant des papiers à L'Humanité, il fut d'abord à la barre du Groupe des Six, puis de l'École d'Arcueil, dans un rôle d'éclaireur et de pontife amusant.

 

Mais son monde était bien plus singulier que toute assimilation à un groupe de pensée. Ses courtes pièces pour piano témoignent autant de ses cocasseries, de son humour à froid, que de sa capacité à toucher au plus profond par des lignes d'une retenue désarmante... 

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Erik Satie est né dans la belle ville d'Honfleur (Calvados) le 17 mai 1866, d'une mère d'origine écossaise et d'un père courtier maritime. Il a 4 ans lorsque sa famille déménage à Paris où son père a obtenu un poste de traducteur, mais sera très vite de retour en Normandie après le décès de sa mère. Lui et son plus jeune frère Conrad vivront alors chez leurs grands-parents.

 

Erik entre au Conservatoire et suit des études qu'il ne terminera pas, jugé sans talent par ses professeurs... Son incorporation dans l'infanterie à Arras n'étant pas non plus une réussite, il s'expose volontairement au froid pour attraper une congestion pulmonaire et se faire réformer.

 

Âgé d'une vingtaine d'années, il est devenu un adepte de Montmartre dont l'ambiance lui sied à merveille. Il s'y produit comme pianiste dans les cabarets : Le Chat Noir, Le Clou. C'est déjà le temps des Gymnopédies et Gnossiennes.

 

Il fait la connaissance d'un personnage étrange, Joséphin Péladan, chef suprême d'une secte mystique liée à l'Ordre de la Rose-Croix. Ces envolées théologiques sont pour Satie autant d'occasions de poser les jalons de son personnage excentrique et de régler quelques comptes avec les cercles artistiques. De provocations en provocations, il suscite l'irritation de nombre de confrères qui le tournent en dérision.

 

En 1893, Satie entame une relation avec la peintre Suzanne Valadon. Mais sa passion pour elle tournera à l'échec et lui laissera le coeur brisé à jamais. On ne lui connaîtra plus d'autre liaison.

Le compositeur s'inscrit en 1905, un peu à la surprise générale, à la Schola Cantorum pour étudier le contrepoint classique. À 39 ans, il a décidé de parachever sa formation musicale dans l'école la plus sévère de France.

 

Il parraine le Groupe des Six (Auric, Durey, Honegger, Tailleferre, Poulenc et Milhaud) avant de s'en retirer en 1918, jugeant certains d'entre eux trop conformistes. En 1923, c'est à la tête d'un autre groupe, l'École d'Arcueil (Désormière, Cliquet-Pleyel, Jacob, Sauget), qu'on le retrouve. Mais Satie prend encore une fois ses distances. 

 

Sur la fin de sa vie, il rebondit encore en s'intéressant au mouvement  dadaïste. Il se lie d'amitié avec Francis Picabia et Marcel Duchamp. Transposant en musique leur univers, il compose les ballets Relâche et Mercure, qui font à nouveau scandale.

 

La suite est histoire de solitude et de déclin constant de sa santé jusqu'à son décès le 1er juillet 1925. Sa maison d'Honfleur est devenue un musée.

 

L'anecdote : Satie avait toujours refusé l'accès à son studio d'Arcueil à ses proches. Lorsqu'à sa mort ceux-ci pénétrèrent enfin dans les lieux, ils découvrirent le désoeuvrement dans lequel vivait leur ami : un piano désaccordé et inutilisé, des correspondances non ouvertes, pas de quoi manger convenablement, quelques modèles de rechange d'un même costume de velours gris...