HISTOIRE du JAZZ
Sommaire des styles de jazz étudiés : Les Spirituals - Le Blues - Le Ragtime - Le Gospel - Le New-Orleans - Le Boogie-Woogie - Le Swing - Le Be-bop - Le Cool jazz.
Les SPIRITUALS
Pour perpétuer la mémoire des Afro-américains, des chœurs modernisent le répertoire des spirituals.
Origines : Les premiers Spirituals apparaissent au XVIIIe siècle, à un moment où la traite des Noirs se développe à grande échelle. Les esclaves, contraints d'abandonner leurs croyances, fréquentent progressivement les églises.
Cependant, des cérémonies nocturnes et clandestines se déroulent dans les bois : elles sont appelées les Hush Harbors (= havres de paix).
Dans ces rassemblements secrets, les esclaves peuvent rêver à une nouvelle vie et s'éveiller à une conscience collective. Ils donnent libre cours à des improvisations, à partir de ce qu'ils ont appris.
Évolution : Des Églises Noires, autorisées et indépendantes, font leur apparition vers 1770 et siègent dans des Praise House (= maison de louange). Vers 1780, on note l’apparition des Camp Meeting, lieux de rassemblements religieux multiraciaux organisés en plein-air. On y entend des sermons et des chants que les fidèles reprennent en chœur. Ceux-ci vont contribuer à l’éclosion du spiritual.
Le BLUES
Le maître W.C. Handy interprétant l'air "St. Louis Blues", avec sa trompette en sourdine.
Documentaire d'Arte retraçant les origines et l'histoire du Blues...
Définition et origines : L'expression « To be blue », qui signifie « être triste, mélancolique » ou « broyer du noir », donne son nom au blues. Celui-ci est né vers 1865-70, après la Guerre de Sécession et l'Abolition de l'esclavage. Il trouve son origine dans les spirituals (chants religieux) et les work songs (chansons de travail).
Expression : Comme une descendance naturelle de l'art du griot, le blues raconte l'histoire et la mémoire d'un peuple : sa langue, ses mythes, ses poèmes, sa vie quotidienne, ses sentiments, ses douleurs et joies, sa soif de liberté...
Évolution : C'est au Sud des États-Unis, à la fin du XIXe siècle, que l'on relève les plus anciennes formes de blues. Il est de tradition orale, parfois accompagné d'instruments rudimentaires.
W.C. Handy est l'un des premiers à arranger des airs de blues, puis les faire interpréter par des chanteurs avec orchestre. C'est à Chicago que s'articulera la suite de l'histoire du blues. Dans cette ville industrielle à la recherche de main d’œuvre, afflueront et s'installeront les Noirs du Sud. Le blues, qui s'est en chemin inspiré des folk songs et ballades, s'accompagnera au violon et au banjo, avant que la guitare et l'harmonica n'y jouent un rôle prépondérant.
Description musicale : Formé sur une assise de 12 mesures (3 phrases de 4 mesures), il ne requiert traditionnellement que 3 accords.
Sa gamme subit une altération des IIIe et VIIe degrés, afin d'insérer le fameux effet « blue note » qui en est l'une des signatures musicales caractéristiques. Un blues fait généralement alterner chant et instrument. Son rythme est lent et répétitif, soutenant une voix traînante.
Le RAGTIME
Une scène épique du film biographique sur Scott Joplin, sorti en 1977.
Origines : On voit émerger les premières formes de ragtime autour de 1895, lorsque les rythmes d'Afrique sont incorporés au cakewalk (danse burlesque née dans les plantations du Sud).
Pratique : Le ragtime est pratiqué par une petite partie de la population Noire, cultivée, connaissant la musique et les compositeurs européens (Bach, Chopin, Liszt). Les pianistes, comme ici Scott Joplin, vont longtemps jouer dans les saloons et autres lieux de divertissements. Puis le ragtime est popularisé par des musiciens itinérants qui sillonnent les États-Unis.
Déroulement musical : Au piano, la main gauche alterne basses et accords plaqués (dans un mouvement appelé « faire la pompe », sur un battement à 4 temps. La mélodie est jouée à la main droite, avec un caractère syncopé. C'est l'ensemble de ce ragged-time (temps en lambeaux, déchiquetés) qui donne son nom au genre.
Le NEW-ORLEANS
Des images d'archives exceptionnelles pour saisir ambiance musicale de La Nouvelle-Orléans.
Origines : Surnommée « Crescent City » (ville du croissant), La Nouvelle-Orléans (Louisiane) est un port fluvial situé au cœur du delta du Mississipi.
Elle est depuis le XVIIe siècle un brassage cosmopolite et polyglotte de peuple migrants venant de tous horizons : les esclaves Noirs y croisent des Caribéens, Espagnols, Français, Hollandais, Italiens, Grecs, Irlandais, Allemands...
Vie musicale : Le quartier de Storyville, au début du XXe siècle, regroupe plusieurs dancings, cabarets et maisons closes. Leurs tenanciers y font jouer des pianistes et orchestres créoles et afro-américains. De nombreux défilés et parades ont lieu (enterrements, mardi-gras...) et font naître la tradition des marching bands.
Le style new orleans naît ainsi, joué à son commencement sur des instruments récupérés de la Guerre de Sécession.
Description musicale : Ce premier jazz est interprété par des formations réduites incluant cornet (ou trompette), clarinette, trombone, tuba
(ou contrebasse), banjo (ou guitare), piano.
L'improvisation collective y est de mise, et le répertoire puise dans le ragtime, les mélodies populaires, hymnes, marches, worksongs... Les premières vedettes apparaissent : Sidney Bechet, L. Armstrong, King Oliver, Bix Beiderbecke, Jelly Roll Morton, Fats Waller, Fletcher Henderson.
Le BOOGIE-WOOGIE
Dans cette vidéo, un petit historique sur la naissance du boogie-woogie.
Définition et origine : Le boogie-woogie est une manière pianistique et swinguante d'interpréter le blues, qui semble avoir pris naissance dans les barrelhouses ou honky tonks dans les années 1920, à Chicago et Kansas City.
Explication : Il avait pour objet de dépeindre musicalement le battement des roues des trains sur les voies ferrées, que les Noirs avaient été des millions à emprunter pour émigrer des États du Sud vers les grands centres urbains du Nord de l'Amérique.
Description : Dans un rythme obsessionnel, le boogie-woogie use de figures répétitives, jouées en ostinato à la main gauche. Celles-ci se basent sur les accords simples du blues en un cycle de 12 mesures. À la main droite, dans un jeu totalement indépendant, le pianiste peut broder des variations mélodiques improvisées et des riffs.
Postérité : Le rythme du boogie-woogie, avec ses walking bass, aura une influence réelle sur le rhythm and blues d'après-guerre et sur les débuts du rock'n roll, dans le jeu de Jerry Lee Lewis.
Le GOSPEL
Une histoire du Gospel, dans un format de moins de 5 minutes, très bien illustré.
Définition et origines : Le terme gospel est une contraction des deux mots, god et spell, signifiant : la parole de Dieu. Forme moderne des anciens spirituals, c'est un chant religieux chrétien qui s'est développé en même temps que le jazz et le blues.
Évolution : Le gospel prend son essor dans les années 1930, sortant des églises et allant au devant du public. On le retrouve sur les scènes des cabarets et des théâtres, d'abord en Amérique, puis en Europe.
La période 1940-60 représentera son « âge d’or », avec quantité de groupes vocaux féminins, masculins ou mixtes.
Description musicale : De nombreux gospel songs sont des spirituals réorganisés et harmonisés en cantiques à 4 parties, parfois enrichis de paroles nouvelles. La formation du quartet vocal reste la base d'expression la plus répandue. Elle peut être soutenue par quelques instruments : orgue, harmonium et cordes. Le chant est aussi accompagné de claquements de mains et mouvements du corps.
Le SWING
L'exemple parfait de ce swing étincelant et joyeux, avec l'orchestre de Duke Ellington en personne.
Histoire : Daté des années 1930-40, le middle jazz désigne la musique pratiquée entre la période dorée de La Nouvelle-Orléans et l'avènement du jazz moderne incarné par le be-bop. Le swing et ses big bands s'installent à un moment où l'Amérique, en crise après le krack de Wall Street, veut montrer une illusion de richesse à travers l'industrie du spectacle.
Succès : Les orchestres de swing se produisent dans les nombreux ballrooms et clubs de jazz de New York, comme les célèbres Cotton Club et Savoy. L'essor de la radio et du disque contribuent à leur tour à populariser cette musique.
La formation big band : Elle comprend une section mélodique (clarinettes, saxophones, trompettes, trombones) et une section rythmique (piano, guitare, contrebasse, batterie).
L'arrangeur devient un personnage-clé, car c'est lui qui fait « sonner » l'orchestre en écrivant les parties des différents pupitres. Chaque orchestre acquiert ainsi une couleur qui lui est propre.
On vient donc applaudir les big bands de Duke Ellington, Count Basie, Glenn Miller ou Benny Goodman. Des solistes et des personnalités émergent, comme les saxophonistes Coleman Hawkins et Lester Young, les chanteuses Billie Holiday et Ella Fitzgerald, ou encore les pianistes Fats Waller et Art Tatum.
Le BE-BOP
Origines : Né à New York dans les années 1940, le be-bop a profité de l'érosion du swing, dont les arrangements devenus stéréotypés laissaient présager l'éclosion d'une autre musique.
Le be-bop fut une voie opposée, avec ses petites formations, son langage heurté, ses effets de dissonances, ses tempos rapides, ses innovations harmoniques et son goût de la vélocité.
L'histoire d'un style : L'appellation « be-bop » est à rapprocher des onomatopées utilisées par les chanteurs dans le scat. Il était au départ joué after hours (après le travail), dans le quartier de Harlem.
Ce style de jeu était un moment de libération par rapport aux contraintes routinières et à la discipline du big band. Le be-bop se voulait aussi un retour aux origines Noires du jazz.
Parmi les pionniers : On compte les saxophonistes Charlie Parker et Lester Young, le trompettiste Dizzy Gillespie, le pianiste Thelonious Monk, le batteur Kenny Clarke ou le guitariste Charlie Christian.
Les apports du mouvement au jazz furent considérables, et conditionnèrent la naissance des courants hard bop et free jazz.
Le COOL JAZZ
Géographie et origines : Durant la Seconde Guerre Mondiale, la Californie du Sud attira près de deux millions d'immigrants qui participèrent à l'effort de guerre. Le Harlem de la côte Pacifique devint alors un lieu de musique, bouillonnant de nouveaux sons... Parmi ceux-ci le courant cool jazz, joué autant par les musiciens Blancs que Noirs, et caractérisé par sa douceur et sa légèreté, qui rompait avec la fièvre be bop.
Compréhension du style : Le verbe « to cool » traduit le fait de quitter un état d'excitation, pour être plus tranquille et réfléchi... Le sens premier du mot cool invite aussi à quelque chose de rafraîchissant et d'agréable. Dans une ambiance pessimiste d'après-guerre, la notion de cool, fut une expression en phase avec son temps. Des artistes comme Miles Davis, Chet Baker ou Stan Getz suivirent la voie du cool jazz.
Caractéristiques musicales : Les formations, qui n'excèdent pas une dizaine de musiciens, peuvent faire entrer des instruments comme la flûte traversière, le hautbois, le cor d'harmonie, le violoncelle, la clarinette basse ou le tuba. L'expression est sobre, raffinée, cérébrale pourrait-on dire, avec absence de vibrato, sonorités feutrées, phrasé peu accentué, pas de notes aiguës, et une texture rythmique douce.