Procédé de composition abondamment repris dans l'histoire musicale, la musique descriptive pourrait être comparée au "tableau sonore" d'une scène de vie ou de nature : description d'une rivière, d'un orage, d'une chasse, d'un animal, d'un personnage, d'une nuit, d'une promenade...

Évoquer et décrire en imitant, en exploitant les moyens offerts par l'orchestre, par le clavier d'un piano... voilà qui inspira les compositeurs comme Rimski-Korsakov (Le Vol du bourdon), Mendelssohn (Les Hébrides), Respighi (Les Pins de Rome) ou Rameau (La Poule), nos quatre exemples.

C'est en 1899 que le compositeur russe Nicolaï Rimski-Korsakov aborde son nouvel opéra Le Conte du Tsar Saltan. Inspiré d'un conte de Pouchkine, il est composé pour le centenaire de la naissance de l'écrivain. La première a lieu à Moscou le 3 décembre 1900.

Dans l'acte 3, le jeune Prince Gvildon Saltanovitch est transformé en bourdon afin de rencontrer enfin son père et revoir son pays (il en a été rejeté à sa naissance à la suite d'un complot).

Cette page orchestrale appelée Le Vol du bourdon a été l'objet de multiples transcriptions instrumentales. Avec ses envolées chromatiques tournoyantes et ultra-rapides, elle est un défi de virtuosité et de maîtrise pour les musiciens !

Depuis les romans de Walter Scott, beaucoup d'artistes romantiques ont été attirés par les paysages nordiques, tourmentés et mystérieux. 

A l'été 1829, le compositeur allemand Félix Mendelssohn entreprend un voyage en Grande-Bretagne. Il est fortement marqué par la beauté du site de la Grotte de Fingal. La vision se déroule dans l'archipel des Hébrides, au large de l’Écosse. C'est ce souvenir qui est mis en musique dans son Ouverture composée à Rome durant l'hiver 1830-31, et préalablement intitulée : Die einsame Insel (L'île solitaire).

La mélodie principale est confiée aux cordes graves (violoncelles, contrebasses). Elle ouvre cette partition aux allures de poème symphonique : le compositeur y décrit les murmures de la mer, le climat embrumé et les flots claquant contre les parois des rochers.

A la suite du poème symphonique Les Fontaines de Rome (1916), Respighi composa Les Pins de Rome (« I Pini di Roma ») en 1923-24, pour une création le 14 décembre 1924 à Rome. L’œuvre se divise en quatre parties, évoquant différents lieux et atmosphères de la ville et ses environs :

1. I pini della Villa Borghese illustre les jeux d'enfants dans les jardins de la Villa Borghèse.

2. Pini presso una catacomba crée un imaginaire plein de mystère à partir de l'ombre des pins qui se projette sur l'entrée d'une catacombe.

3. Pini del Gianicolo se déroule la nuit, sur le mont Janicule, avec en fond le chant d'un rossignol.

4. I pini della Via Appia (notre exemple) décrit, sur les pavés de la Voie Appienne, le mouvement de la marche des Armées consulaires qui s'approchent, puis défilent triomphalement vers le Capitole.

Rythme sourd, cor anglais fantomatique, appel des cuivres et des buccins... Le compositeur met en œuvre son talent d'orchestrateur, de coloriste et de mélodiste pour nous faire vivre par la musique un épisode à la gloire de la Rome antique.

Dans le 3e Livre de pièces de clavecin de Rameau, publié en 1728, se trouve : La Poule. Cette partition de musique descriptive, en sol mineur et à 3 temps, imite joyeusement les "co-co-co" caractéristiques d'une poule qui caquette et se déplace.

Compositeur, théoricien et claveciniste français, Jean-Philippe Rameau est né à Dijon le 25 septembre 1683. Il est le septième enfant d'un père organiste, dans une famille qui en compte onze.

Faisant son éducation au collège des Jésuites, il se désintéresse de ses études générales, et porte son intérêt sur la musique. Très prolifique, il développera une science musicale exceptionnelle, dont il livrera les apports dans des traités de théorie de la musique.