Séquence - Les MUSIQUES du MONDE
Sur cette page, nous réalisons un tour du monde des musiques, des chants, des cultures, des danses, des traditions et des
artisanats instrumentaux.
De l'Indonésie au Mexique, du Japon à la Jamaïque, du Brésil à Cuba, ou encore de la Grèce au
Sénégal, ce sont des rencontres originales, rafraîchissantes, qui ouvrent l'esprit et le goût des élèves sur les autres peuples...
INDONÉSIE :
La magie sonore du Gamelan...
En Indonésie, sur les Îles de Java et Bali, la musique traditionnelle est réputée pour ses ensembles de Gamelan. Le mot est composé de deux parties : gamel désignant un marteau, et an appelant une notion collective. Le Gamelan accompagne les rites hindouistes, les théâtres d’ombres et de marionnettes, ou les danses de cour. On le trouve aussi lors des mariages, bals, réunions publiques, rassemblements privés ou officiels.
Leur unité sonore est caractéristique, alors qu'ils réunissent 60 à 80 instruments. On y décompose trois familles que sont les métallophones, les gongs et les peaux. Il n'y a ni soliste, ni improvisation, mais au contraire une répartition extrêmement précise des rôles au service d’une harmonie, établie sur des échelles de cinq ou sept tons.
Démonstration des différents groupes d'un Gamelan, avec en ajout la flûte en bambou suling à 3'35.
JAPON :
Le jeu raffiné du koto...
Le koto, importé de Chine au VIIIe siècle, fait figure d'instrument
national japonais. Joué jadis par les jeunes filles de la noblesse pour la musique de cour, puis démocratisé au fil du temps, il exécute un répertoire raffiné et intime. Mesurant au moins 1,80 m
dans sa longueur, le koto est posé au sol ou sur une table basse. L’exécutante est à genoux, munie d’onglets d’ivoire attachés au
pouce, à l’index et au majeur, pinçant ainsi 13 (jusqu'à 32) cordes de soie.
Dans un parc, au milieu des cerisiers en fleur, écoutez la grande douceur sonore du koto.
CHINE :
Le son, l'être et la nature...
La musique chinoise est basée sur une échelle de douze tons, qui correspondent aux douze lunes, douze mois et douze heures du jour. Le son relie l’être à la nature. Les instruments sont donc fabriqués à partir de matières naturelles : bambou, soie, peau, bois, pierre... L'erhu (vidéo) accompagne le chant dans la musique classique chinoise. Sa caisse de bois dur ou de noix de coco, hexagonale ou octogonale, est recouverte d'une peau de serpent ou de lézard. Son manche, parfois terminé d'une tête de dragon ou de chauve-souris sculptée, est fait d'une tige en bambou qui accueille deux cordes de soie.
A nos oreilles occidentales, cet erhu chinois est un défi d'élégance et de poésie musicale.
NOUVELLE-ZÉLANDE :
Des esprits et des conques...
La conque est un coquillage marin utilisé comme instrument à vent depuis des temps très anciens. Sa sonorité rugissante aurait le pouvoir de chasser les mauvais esprits, et d'imiter le son des baleines. Elle se joue traditionnellement au Japon et dans les îles du Pacifique, par exemple chez les Maoris de Nouvelle-Zélande.
Démonstration du putatara, avec son embout de bois sculpté, dans une scène d'incantation.
INDE :
Une musique raffinée et savante...
La musique est l'expression d'une longue tradition classique, que l'on retrouve dans l'ensemble des pays formant le Sous-Continent Indien (Pakistan, Bangladesh, Népal, Sri Lanka). Prenant un caractère sacré et mystique, elle est liée aux religions hindoue, musulmane et bouddhique.
La musique est bien souvent associée à la danse, réputée pour être l’une des plus gracieuses du monde. Les instruments s’inspirent
de la voix, considérée comme l'expression sacrée et originelle. Le système musical est basé sur des centaines de schémas mélodiques et rythmiques qui correspondent à de multiples atmosphères,
états d’âme, couleurs, moments de la journée ou saisons.
Anoushka Shankar interprète le Concerto pour Sitar et orchestre de son père, Ravi Shankar.
CANADA :
Les surprenants chants Inuits...
Population des régions polaires du nord du continent américain (Alaska, Groenland, Labrador, Baie d'Hudson), les Inuits forment un peuple
autochtone d'environ 150 000 âmes. Ils utilisent le vocable nipi pour décrire les phénomènes sonores incluant sons instrumentaux, sons vocaux ou bruits naturels. Parmi les jeux
vocaux, on distingue le katajjaq qui est un chant de gorge pratiqué par les femmes. Face à face, dans une sorte d'opposition très rapprochée, elles émettent des sons gutturaux
complexes. On y décèle toutes sortes d’imitations (bruits domestiques, cris d’animaux sauvages...). Le but recherché est d’épuiser
l’adversaire pour lui faire perdre la cadence, jusqu'à provoquer un grand élan d'hilarité collective !
Explications techniques sur les jeux vocaux des Inuits dans une chronique de France Musique.
ÉTATS-UNIS :
La country et le
bluegrass...
L'Amérique des campagnes incarne l'histoire du pays profond. On y trouve des éleveurs et des ranchs, à l'âme cowboy installés dans une vie rurale sur laquelle la modernité n'a que peu de prise. Trouvant ses sources dans les folklores des émigrants irlandais, écossais et anglais, la country est née au XVIIIe siècle dans les Appalaches. Elle se chante avec des ballades aux mélodies et harmonies simples, louant les champs, les rivières, les clairs de lune et l'amour... Elle s'est enrichie par d'autres styles populaires comme le bluegrass, le honky tonk, le rockabilly ou le cajun.
Une chanson country à 2 voix, accompagnée aux guitares, violon, banjo et contrebasse.
HAWAÏ :
Plage, soleil et
ukulélé...
En 1879, le navire portugais Ravenscrag débarque à Honolulu. À son bord, 400 immigrants originaires de l’île de Madère, venus travailler en exploitation de canne à sucre. Les hawaïens furent frappés par leur petite guitare, dérivée du cavaquinho. Le terme ukulélé proviendrait de uku (puce) et lélé (sauteuse), faisant allusion à la puce du chat, espèce introduite à Hawaï au XIXe siècle. Les mouvements rapides des doigts furent en effet été comparés au pattes de l'animal se grattant.
Pour le plaisir des enfants, ce duo d'ukulélés joue un medley d'airs de Disney.
MEXIQUE :
Les orchestres
mariachis...
Le son des orchestres mariachis est un mélange de sonorités espagnoles et locales. Ils intègrent violons, guitares, trompettes et harpe. Au XIXe siècle, ces musiciens étaient souvent des paysans itinérants qui allaient d’hacienda en hacienda.. Après la révolution, beaucoup sont venus chanter leur cause dans les rues, tout en jouant le rôle de porteurs de nouvelles. Leur répertoire s’est élargi au XXe siècle et leurs prestations se font désormais lors de fêtes sociales ou officielles.
Un animation de rue avec un mariachi : chants, guitares et harpe, pour le titre Guantanamera.
CUBA :
Salsa, la "sauce piquante" !
Construite sur un mélange de musiques : cubaine (son), portoricaine (plena et jibaro), colombienne (cumbia) et dominicaine (merengue), la salsa est apparue à la fin des années 1960. C'est une musique de danse dynamique et sensuelle, reposant sur un rythme de base de deux fois 4 temps. Les improvisations et riffs mélodiques font partie de sa stylisation. La formation typique présente une section rythmique (basse, piano, timbales, congas, bongos, claves), des cuivres (trompettes, trombones, saxophones), le chant et les chœurs.
Voici en concert un orchestre typique de salsa, reprenant tous les codes sonores sud-américains.
JAMAÏQUE :
Le reggae en étendard
!
Dans les années 1950, alors que calypso et mento sont les principales musiques sur l’île de la Jamaïque, les disc-jockeys et leurs sound-systems font venir les sons du rhythm and blues et du rock and roll. De cette rencontre naît d'abord le ska. À la fin des années 1960, le reggae trouve sa forme de musique contestataire, faisant appel à la fierté du peuple Noir et prêchant un retour à ses racines.
Dans les années 1970, Bob Marley va faire connaître le reggae au monde entier comme un symbole d'émancipation et de liberté. Avec son tempo ralenti, sa basse alourdie et ses accents sur les temps faibles, il adopte un mouvement chaloupé qui en est la marque de fabrique. Dans son bagage instrumental : orgue électrique, guitare électrique, guitare basse et cuivres.
Le titre Could You Be Loved de Bob Marley, avec des images d'archives de l'artiste.
BRÉSIL :
Cuica, l'appel de la forêt...
Le cuica est un petit tambour à friction, introduit jadis en Amérique par les esclaves venus d’Angola. Il est joué par un procédé de frottement de sa tige interne en bambou, à l’aide d’un chiffon mouillé. Il émet alors un crissement imitant le cri du singe. On le retrouve dans les écoles de carnaval.
Regardez cette impressionnante démonstration des cris des singes de la forêt en plein carnaval !
ÉCOSSE :
Les défilés de Pipe Bands...
Depuis le XIXe siècle, les fêtes et cérémonies écossaises sont animées par des ensembles de cornemuses, caisses et tambours, qui défilent fièrement dans les rues, ou bien se défient lors de festivals. Leurs origines se trouvent dans les armées impériales britanniques, qui rassemblèrent jadis les sonneurs de cornemuses d'Écosse avec les tambours d'Angleterre. La grande cornemuse s'appelle Great Highland Bagpipe (traduisez par : grand sac à tuyaux). Elle existe depuis 1000 ans sur ses terres écossaises.
Un show (suisse) dans une ambiance rock survoltée : un bagpipe écossais joue : Scotland the Brave.
PORTUGAL : le fado, chant de l'âme...
Emblème de la musique portugaise, le fado - du latin « Fatum » (= fatalité, destin) - est le chant national qui incarne l'âme de ce pays.
Il a pour voix légendaire celle d'Amália Rodrigues, dont le timbre si particulier reste dans les mémoires. Le fado est l’expression de la saudade (sentiment de nostalgie). On le trouvait dans les vieux faubourgs de Lisbonne, relié à la pauvreté, la prostitution et la vie de bohème. Les thèmes récurrents en sont : la solitude, le mal de vivre, l’exil, le deuil, l’amour inaccompli, la tristesse, la jalousie, la vengeance et les histoires passées ou présentes...
Toutes les explications d'Aliette de Laleu, avec de précieuses interviews d'Amalia Rodrigues.
GRÈCE : bouzouki et sirtaki
Instrument à cordes grec appartenant à la famille des luths, le bouzouki est constitué d'une caisse piriforme et d'un long manche muni de frettes. Ses cordes métalliques sont doublées. Il a longtemps eu mauvaise réputation, étant associé au monde des brigands. Depuis le milieu du XXe siècle, il a été réhabilité, pour être considéré comme l'instrument national. Il accompagne le sirtaki : cette danse fut célèbre grâce au film Zorba le Grec (1964).
Voyez cette entraînante et joyeuse démonstration de sirtaki, accompagnée par les bouzoukis !
SUISSE, AUTRICHE : Majestueux Cor des Alpes
C'est l'instrument national helvétique, connu dans tous les pays de la chaîne des Alpes (Autriche, France et Italie). Le cor des Alpes est une longue trompe en pin, sapin ou épicéa. Son embouchure de buis ou de tilleul lui procure un timbre velouté et majestueux. Jadis utilisé par les vachers et les bergers, il pouvait se faire entendre à plusieurs kilomètres, formulant des messages codés ou d’appel. Depuis, il a perdu sa fonction initiale pour être confié à des musiciens et prendre place dans les processions et fêtes traditionnelles.
Dans un sompteux décor montagnard estival, écoutez la profondeur et la portée du Cor des Alpes.
FINLANDE : Sibelius, un héros national
Jean Sibelius (1865 - 1957) est considéré comme l'un des grands symphonistes du XXe siècle. Il composa plusieurs partitions inspirées du Kalevala : la fresque avec chœur Kullervo, le poème symphonique Luonnotar (racontant la création du monde), Les légendes de Lemminkäinen (incluant le Cygne de Tuonela) et l'ultime poème symphonique Tapiola. Son œuvre majeure, Finlandia (1900), illustra la résistance finlandaise vis-à-vis de l'occupation russe.
La beauté austère et authentique de ce Finlandia. Orchestre de jeunes et entrée des choeurs à 5'10.
PAYS ARABES : La douceur de l'oud
Du mot arabe al-oud (le bois), l'oud est né en Babylonie autour de l'an 600. C'est à Médine que se rencontrèrent de nombreux musiciens et luthiers qui firent de l'oud l'un des plus éminents instruments de la musique arabe.
Fait de bois de noyer ou d'érable, il présente une caisse en forme de poire. Sa table est percée de grandes ouïes recouvertes de rosaces. Son manche, de noyer ou fruitier, ne possède pas de frettes et permet de jouer sur la variabilité de toutes les hauteurs de sons. L'angle caractéristique entre le cordier et le manche joue un rôle dans le soutien de la pression des 11 ou 12 cordes couplées. L'oud se joue avec un long plectre flexible : le risha (plume en arabe). Celui-ci est fait d'une tranche fine de corne de vache, ou bien d'une plume d'aigle aplatie.
Une vidéo parfaite pour comprendre l'histoire, la fabrication, le fonctionnement et le jeu de l'oud.
SÉNÉGAL, MALI : Balafon, "bois qui chante"
En Afrique, le balafon est un instrument sacré, porteur d’esprits
protecteurs. Dans la langue des Malinkés, la dénomination balafon associe les termes bala (instrument) et fon
(sonne). Le premier balafon connu remonte à l'Empire mandingue. Il participe aux danses et cérémonies, et apparaît sous des formes extrêmement variées. Fabriqué sur une
structure de bois légère, nouée avec des lanières en cuir, le balafon présente des lames en bois durs, rangées en tailles croissantes. Au-dessous se placent des paires de petites
calebasses formant les caisses de résonance.
Dans un village, une grande et joyeuse démonstration de plusieurs balafons et tambours !
MAROC : Musique et vie des Berbères
Les moyens de subsistance des Berbères - premiers habitants du Maroc - tiennent aux cultures céréalières (maïs, orge), arboricultures (dattes, amandes, argan) et élevages de troupeaux. Ils pratiquent une musique ancestrale, intimement liée à leur mode de vie agricole et leur foi en la fertilité de la terre divine. La poésie, les proverbes, préceptes moraux ou adages sont au cœur de la tradition orale et chantée. Dans les fêtes ou rituels, on s'accompagne de rythmes (au tambour bendir) et de danses.
Toute la vie, les fêtes, les chants, les instruments et danses pratiqués dans le Haut-Atlas.
MADAGASCAR : La valiha, un instrument sacré...
A Madagascar, la valiha fait figure
d'instrument national. C'est une cithare tubulaire en bambou, dont les origines lointaines renvoient aux pays du Sud-Est Asiatique, par le
fait des migrations. Le nom valiha viendrait du sanskrit « vadhya » qui signifie : instrument de musique sacré. Elle
accompagne les événements familiaux, les fêtes religieuses et cérémonies cultuelles, avec un jeu raffiné, d'une très grande douceur.
Justin Vali, musicien malgache et spécialiste de la valiha, vous explique tout sur son instrument.