Séquence MUSIQUE et MOUVEMENT


Bien sûr, on pense en tout premier lieu à la danse lorsqu'on associe la musique avec le mouvement. Mais comme nous allons le voir, le pouvoir du musicien va bien au delà de cet accompagnement chorégraphique. La musique a un pouvoir dynamique, vibratoire et cinétique. Elle entraîne la matière, provoque des vibrations sur un instrument, tout comme elle déclenche nos gestes corporels. Voyez ces quelques exemples pour vous en convaincre dans cette séquence...

1) Pacific 231 - Arthur HONEGGER

« J'ai toujours aimé passionnément les locomotives ; pour moi, ce sont des êtres vivants. » Au début du XXè siècle, dans l'ère industrielle, Honegger fit partie de ces compositeurs qui transcrivirent en musique le machinisme nouveau.

Pacific 231 fut imaginée et composée entre les villes de Paris, Winterthur et Zürich. C'est une œuvre qui nous entraîne dans un parcours musical à bord de la célèbre locomotive américaine à vapeur. Elle fut créée le 8 mai 1924 à l’Opéra de Paris, sous la direction de Serge Koussevitzky, obtenant un succès considérable. Rythmes obstinés et mélodies rotatives, ce mouvement symphonique ferroviaire illustre ce qu'on appela le motorisme en musique.

Plan général : Tranquille respiration de la machine au repos - Effort du démarrage - Accroissement progressif de la vitesse - Un train de 300 tonnes lancé en pleine nuit à 120 km/h - Ralenti jusqu'à l'arrêt.

2) Le Bœuf sur le Toit - Darius MILHAUD

« J’arrivai à Rio en plein Carnaval et je ressentis aussitôt profondément le vent de folie qui déferlait sur la ville entière. »  En 1919, au retour d'une séquence de deux années vécues au Brésil, Darius Milhaud compose Le bœuf sur le toit (titre tiré d'une chanson brésilienne), présenté comme un patchwork des mouvements de danses sud-américaines : samba, rumba, conga, tango, fado...

Autour d'une rengaine musicale joyeuse, Milhaud passe d’un souvenir à l’autre par de brusques changements de tempo et d’instrumentation, alliant l'humour à la surprise.

3) Les Pins de Rome - Ottorino RESPIGHI

A la suite du poème symphonique Les Fontaines de Rome (1916), Respighi composa Les Pins de Rome (« I Pini di Roma ») en 1923-24, pour une création le 14 décembre 1924 à Rome. L’œuvre se divise en quatre parties, évoquant différents lieux et atmosphères de la ville et ses environs :

1. I pini della Villa Borghese illustre les jeux d'enfants dans les jardins de la Villa Borghèse.

2. Pini presso una catacomba crée un imaginaire plein de mystère à partir de l'ombre des pins qui se projette sur l'entrée d'une catacombe.

3. Pini del Gianicolo se déroule la nuit, sur le mont Janicule, avec en fond le chant d'un rossignol.

4. I pini della Via Appia (notre exemple) décrit, sur les pavés de la Voie Appienne, le mouvement de la marche des armées consulaires qui s'approchent, puis défilent triomphalement vers le Capitole.

Rythme sourd, cor anglais fantomatique, appel des cuivres et des buccins... Le compositeur met en oeuvre son talent d'orchestrateur, de coloriste et de mélodiste pour nous faire vivre par la musique un épisode à la gloire de la Rome antique.