Séquence - La MUSIQUE et la VILLE


Bien avant la grande mode des musiques urbaines, le thème de la ville a inspiré de très grands compositeurs, surtout au XXe siècle. Ils ont voulu illustrer leurs déambulations sur les boulevards, dans le tumulte, entre les gratte-ciels ou encore dans les parcs.

 

Par de véritables récits sonores, ces musiciens nous plongent dans des séquences musicales étonnantes, intrigantes ou amusantes. New York et Paris vont constituer nos deux grandes escales, avec Central Park in the Dark de Charles Ives et Un Américain à Paris de George Gershwin.

Central Park in the Dark, Charles Ives

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Composée en 1906, alors que le musicien résidait en face du célèbre parc au coeur de Manhattan (l'un des cinq arrondissements de la ville de New York), Central Park in the Dark est une oeuvre destinée à un orchestre de chambre.

Celui-ci est constitué d'instruments à vent solistes, de deux pianos, deux tambours et des cordes.

 

La musique n'a été créée à New York qu'en 1954, soit un demi-siècle plus tard. Cette page était la troisième séquence d'un ensemble intitulé : Three Outdoor Scenes (« Trois scènes de plein air »).

 

Dans une période assez métaphysique de sa production musicale (voir cette autre partition : The Unanswered Question), Charles Ives entendait y décrire la contemplation d'un promeneur, une nuit d'été dans Central Park, confrontée à la pollution et au tintamarre de la civilisation urbaine.

 

Dans l'atmosphère pâle, nocturne et mystérieuse tissée par les cordes, on perçoit quelques bruits tapageurs émanant de la cité (clubs, ragtime joué par un "pianola", métro, klaxons...) qui vont se faire de plus en plus assourdissants jusqu'à un paroxysme hurlant ! ...La nuit retrouve ensuite son calme, et les cordes reprennent leur surplace atonal.

Un Américain à Paris, George GERSHWIN

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Né à Brooklyn le 25 septembre 1898, George Gershwin est issu d'une famille juive émigrée aux États-Unis. Son père, Moshe Gershovitz, exerce successivement dans divers secteurs : chaussure de mode, restauration, boulangerie, paris hippiques, bains turcs...

George est élevé dans le ghetto new-yorkais du Lower East Side. Plutôt du genre cancre à l'école, il passe plus de temps dans la rue où il excelle avec ses patins à roulettes ou sa batte de base-ball...

 

Il entend aussi, du côté de la 125e Rue, les premiers airs du jazz et du ragtime. Et lorsqu'un piano arrive à la maison en 1908, il essaie aussitôt de les reproduire. Quelques années plus tard, il laisse tomber le lycée et trouve un travail chez un éditeur sur Tin Pan Alley, à proximité du quartier des cabarets et théâtres de music-hall.

 

À 16 ans, il est "Song plugger" (démonstrateur de chansons), à l'affût de tout ce qui se joue dans les endroits à la mode. Gershwin parvient ensuite à être engagé comme pianiste-répétiteur à Broadway. Il a l'occasion de diffuser ses propres chansons, et l'air de Swanee (improvisé avec un ami au cours d'une partie de poker) devient un fabuleux succès commercial.

 

Désormais à la conquête des salles de concerts, il écrit sa Rhapsody in Blue, créée en 1924, puis c'est son Concerto en Fa qui triomphe en 1925 au Carnegie Hall, temple de la musique. Gershwin fait maintenant partie de la haute société artistique de la ville. Il dépense des fortunes en tableaux (Chagall, Picasso, Modigliani, Utrillo) et sculptures qui garnissent sa salle de billard !

 

En mars 1928, il embarque avec son frère Ira à bord d'un vapeur de luxe à destination de l'Europe. À Paris, le milieu mondain se presse pour accueillir ce "cow-boy de la musique. De sa chambre au Majestic, il écrit alors une nouvelle partition à succès : Un Américain à Paris