Le Cancre, de Prévert - Cycle 3
En 1945, L'éditeur René Bertelé réunit les textes de Jacques Prévert et publie l'année suivante le recueil Paroles, comprenant la poésie Le Cancre.
L'auteur y dénonce les institutions militaires, politiques, religieuses et bourgeoises. Mais d'autres thèmes, beaucoup plus tendres et rêveurs, y sont abordés comme Paris, l'amour, l'enfance, la liberté ou l'art.
LE CANCRE - Poésie
Il dit non avec la tête, mais il dit oui avec le cœur,
Il dit oui à ce qu'il aime, il dit non au professeur.
Il est debout, on le questionne, et tous les problèmes sont posés.
Soudain le fou rire le prend et il efface tout,
Les chiffres et les mots, les dates et les noms,
Les phrases et les pièges.
Et malgré les menaces du maître,
Sous les huées des enfants prodiges,
Avec les craies de toutes les couleurs, sur le tableau noir du malheur,
Il dessine le visage du bonheur.
LE CANCRE - Commentaires
Le recueil Paroles comporte 95 textes dont la longueur s'étend d'une seule ligne (Les paris stupides) à 35 pages (La crosse en l'air). Textes en prose, vers libres, oralité ou dialogues impriment une liberté de forme et de ton.
Le talent de Jacques Prévert s'apprécie dans son travail sur les mots, les rimes, les rythmes et les sonorités, le tout dans un vocabulaire très concret.
Le Cancre, avec ses significations multiples et métaphoriques, ne s'attaque
pas seulement à l'école traditionnelle. Elle manifeste un refus contre toutes les formes d'oppressions et d'injustices.
Jacques PRÉVERT - Biographie résumée
Jacques Prévert est né le 4 février 1900 à Neuilly-sur-Seine. Il passe son enfance à Paris, très tôt initié à la lecture et au théâtre par ses parents.
Il quitte l'école à 15 ans, après son certificat d'études. Pendant la 1ère Guerre Mondiale, Prévert est mobilisé, puis envoyé au Proche-Orient.
Il entre dans le mouvement surréaliste avec Raymond Queneau et Marcel Duhamel.
Dans les années 1935-1945, il écrit les dialogues de grands films de Marcel Carné (Quai des brumes, Les Visiteurs du soir, Les Enfants du Paradis), de Jean Renoir (Le Crime de Monsieur Lange), ou de Jean Grémillon (Lumière d'été). Parallèlement, ses poèmes sont mis en musique par le compositeur Joseph Kosma et chantés notamment par Juliette Gréco et Yves Montand. Il s'éteindra le 11 avril 1977 à Omonville-la-Petite (Manche), où il avait acheté une maison quelques années plus tôt.