Séquence - La MUSIQUE et la VILLE

Que vous évoquent la ville et la notion d'urbanisation, sur un plan sonore ?

Quels sont les avantages pour un musicien de vivre dans le tumulte d'une ville ?

Connaissez-vous des musiques, des chansons, dont le thème est de raconter la ville ?

Comment les compositeurs ont transcrit en musique ce que leur évoquaient des capitales ?


séquence musique et ville

Bien avant la mode des musiques urbaines, le thème de la ville a inspiré de grands compositeurs, aux XIXe et XXe siècles.

Par de véritables récits sonores, ces musiciens ont illustré leurs déambulations sur les boulevards et dans le tumulte des capitales, entre gratte-ciels ou parcs urbains. Ils nous plongent ainsi dans des séquences musicales étonnantes à New York, Venise, Rio, Paris...

Symphonie n°9, du Nouveau Monde, Dvorak

En séjour à New York en 1892, le compositeur découvre la ville et le peuple américain...

symphonie nouveau monde Antonin Dvorak

Origines : Antonin Dvorak (1841 - 1904) fils d'un aubergiste de Bohême, puisait son inspiration dans les folklores tchèques et slaves, donnant à ses œuvres une profonde conscience nationale.

Jamais ses tournées triomphales dans le "grand monde" ne lui firent oublier ses attaches populaires. Heureux dans sa maison de campagne, entouré de paysans et de mineurs, il avait l'amour des gens simples et de la nature.

Création : Antonin Dvorak écrivit cette illustre Symphonie n°9 lors de son séjour aux États-Unis, effectué entre 1892 et 1895. Elle fut donnée pour la première fois au Carnegie Hall de New York le 15 décembre 1893.

symphonie 9 nouveau monde cm1 cm2

Description musicale : Dvorak mêle sa découverte des musiques Noirs-américaines et celle des Amérindiens Peaux-Rouges, avec la nostalgie de ses terres slaves. Il y a ces douces phrases aux flûtes, clarinettes ou hautbois, enchaînées à des thèmes typiquement dvorakiens avec ses cors au caractère "héroïco-légendaire", puis de forts emballements de l'orchestre pour dépeindre l'animation et l'affairement régnants dans les rues de New York.

Pour l'anecdote : L'astronaute Neil Armstrong emporta un enregistrement de cette œuvre lors de l'historique mission lunaire Apollo 11 en 1969.

L'alternance entre les mélodies pastorales traditionnelles et l'agitation des villes.

Barcarolle vénitienne, Mendelssohn

Les années 1830, avec un long séjour de Mendelssohn dans les plus belles villes d'Italie...

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Le journal de la Reine Victoria d'Angleterre relate, le 16 juin 1842, que le jeune Mendelssohn, invité à Buckingham Palace, interpréta quelques Romances sans paroles après le dîner : "Un homme si agréable, si brillant, et son visage rayonne d'intelligence et de génie !". Le compositeur écrivit cinquante Romances entre 1828 et 1845, à la façon d'un journal intime.

La Barcarolle vénitienne en sol mineur marqua un voyage de Mendelssohn à Venise. D'un chant de gondolier, le piano semble balancer doucement le rythme ternaire sur les flots.

Central Park in the Dark, Ives

1906 - Charles Ives imagine une promenade nocturne dans Central Park à New York...

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Création : Composée en 1906, alors que le musicien résidait en face du célèbre parc au cœur de Manhattan (l'un des cinq arrondissements de la ville de New York), Central Park in the Dark est une œuvre destinée à un orchestre de chambre. Celui-ci est constitué d'instruments à vent solistes, de deux pianos, deux tambours et des cordes.

La musique n'a été créée à New York qu'en 1954, soit un demi-siècle plus tard. Cette page était la troisième séquence d'un ensemble intitulé : Three Outdoor Scenes (« Trois scènes de plein air »).

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Inspiration : Dans une période assez métaphysique de sa production musicale (voir l’œuvre : The Unanswered Question), Charles Ives entendait décrire la contemplation d'un promeneur, un soir d'été dans Central Park, étant confronté à la pollution et au tintamarre de la civilisation urbaine.

Description musicale : Dans l'atmosphère pâle, nocturne et mystérieuse tissée par les cordes, on perçoit quelques bruits tapageurs émanant de la cité (clubs, ragtime joué par un pianola, métro, klaxons...) qui vont se faire de plus en plus assourdissants jusqu'à un paroxysme hurlant ! ...Le parc retrouve ensuite son calme, et les cordes reprennent leur surplace atonal.

Le Bœuf sur le Toit, Milhaud

En 1919, le compositeur français Darius Milhaud découvre la ville de Rio...

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« J’arrivai à Rio en plein Carnaval et je ressentis aussitôt profondément le vent de folie qui déferlait sur la ville entière. »

En 1919, au retour d'une période de deux années vécues au Brésil, Darius Milhaud compose Le Bœuf sur le toit (titre tiré d'une chanson brésilienne), présenté comme un patchwork des mouvements de danses sud-américaines : samba, rumba, conga, tango... Autour d'une rengaine musicale joyeuse, Milhaud passe d’un souvenir à l’autre par de brusques changements de tempo et d’instrumentation, alliant l'humour à la surprise.

Un Américain à Paris, Gershwin

En visite à Paris en 1928, Gershwin écrit un véritable carnet de voyage musical...

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L'enfance du compositeur : Né à Brooklyn le 25 septembre 1898, George Gershwin est issu d'une famille juive émigrée aux États-Unis. Son père exerce successivement dans divers secteurs : chaussure de mode, restauration, boulangerie, paris hippiques...

George est élevé dans le ghetto new-yorkais du Lower East Side. Plutôt cancre à l'école, il passe plus de temps dans la rue où il excelle avec ses patins à roulettes ou au base-ball... Il entend aussi les premiers airs du jazz et du ragtime. Et lorsqu'un piano arrive à la maison en 1908, il essaie aussitôt de les reproduire. Quelques années plus tard, il laisse tomber le lycée et trouve un travail chez un éditeur sur Tin Pan Alley, à proximité du quartier des cabarets et théâtres de music-hall.

À 16 ans, il est "Song plugger" (démonstrateur de chansons), à l'affût de tout ce qui se joue dans les endroits à la mode. Gershwin parvient ensuite à être engagé comme pianiste-répétiteur à Broadway.

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Désormais à la conquête des salles de concerts, il écrit sa Rhapsody in Blue, créée en 1924, puis c'est son Concerto en Fa qui triomphe en 1925 au Carnegie Hall, temple de la musique.

En voyage à Paris : En mars 1928, il embarque avec son frère Ira à bord d'un vapeur de luxe à destination de l'Europe. À Paris, le milieu mondain se presse pour accueillir ce "cow-boy" de la musique. De sa chambre au Majestic, il écrit alors une nouvelle partition à succès : Un Américain à Paris.

Description musicale : Prenant la forme d'un poème symphonique, d'une durée de 19 minutes, l’œuvre décrit  la promenade d'un touriste américain, des Champs-Élysées au Quartier Latin, jusqu'au Jardin du Luxembourg. On y entend par exemple les taxis se querellant à coups de klaxons, les thèmes populaires devant les théâtres de Music-Hall... Puis, assis sur un banc, le visiteur écoute les chants d'oiseaux et, nostalgique, il se souvient des mélodies de jazz des trompettes et saxophones à Broadway.

Au cinéma : En 1951, Un Américain à Paris devient un film, sous la houlette du réalisateur Vincente Minnelli, avec l'acteur et danseur Gene Kelly.